Urgence : Les compétences des actifs français dans la Chaîne de Valeur Mondiale

Le dernier rapport sur « les perspectives de l’OCDE », dévoilé à Londres le 4 mai dernier, tire un signal d’alarme sur le niveau des compétences de la population active française au regard de sa place dans les Chaine de Valeur Mondiales. Ce rapport souligne, ce qui est plus grave, un risque de décrochage dans certains secteurs technologiques.
Avec la mondialisation des échanges, la production de biens ou services est le résultat d’une production optimisée et efficace entre plusieurs pays. C’est ce que les économistes appellent la CVM. Les pays sont de plus en plus dépendants les uns des autres et, d’après l’OCDE, les pays qui connaissent une forte croissance sont ceux qui font travailler un tiers de leur population active dans les CVM. Pour cela il faut avoir les niveaux requis de qualification. L’adaptation doit être permanente à tous les niveaux hiérarchiques.

Andrew Wyckoff, directeur de la Science, de la Technologie et de l’Innovation de l’OCDE, le souligne : « Lorsque des secteurs d’activité innovent, l’emploi augmente même dans les professions caractérisées par des tâches répétitives, or il est impossible d’innover si l’on ne peut s’appuyer sur les compétences adéquates ». Selon le rapport de l’OCDE, la France ne semble pas être au rendez-vous, même si elle est bien placée sur les marchés technologiques avancés. Il souligne à notre propos que : « les compétences de sa population ne paraissent pas suffisamment correspondre à celles exigées par ces secteurs » et il fait le constat que la France a « peu augmenté sa participation dans les Chaines de Valeur Mondiales ces dernières années ».

Ainsi notre pays accuse un retard de 31%, sur les compétences indispensables que sont la numératie et la littératie chez les actifs contre 26% pour la moyenne européenne. « Le premier quart des adultes les plus performants, dans notre pays, en littératie et numératie affiche des résultats en dessous de la moyenne de l’OCDE, ce qui peut s’avérer insuffisants dans les secteurs technologiquement avancés qui exigent des travailleurs dotés de fortes compétences cognitives ». Pour les actifs français de plus de 45 ans les résultats sont en dessous de la moyenne OCDE. Les auteurs du rapport font aussi remarquer que « les travailleurs français figurent parmi les moins engagés dans les programmes d’apprentissage des adultes. Les adultes au chômage ont également peu participé à l’enseignement ou à la formation en 2012 ».

Comme nous le disions lors du colloque organisé par la FFP au CESE le 18 novembre dernier, il faut mobiliser tous les acteurs pour faire de la formation une grande cause nationale en la mettant au cœur de nos actions et en en faisant le premier levier de l’employabilité et de la croissance de notre pays
Il y a urgence à « décomplexifier » notre système de formation pour le rendre plus agile et efficace, ouvert sur l’innovation pédagogique, sur la prise en compte des compétences transversales, sur le respect des choix de chacun en matière de CPF, sur la mesure du résultat (ROI) pour les entreprises ou sur la certification pour les particuliers et enfin sur des dispositions fiscales incitatives.

L’urgence est là et nous savons que c’est une des réformes que veut mener à bien le nouveau Président de la République.

Nous mettrons tout en œuvre pour qu’elle réussisse.