L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer l’intelligence humaine?
Dans tous mes blogs, j’ai essayé de montrer le lien entre savoir et création de valeur. A chaque fois, le savoir, acquis par l’éducation et la formation, procède du cerveau humain et de son rapport avec un environnement social et culturel ; environnement favorable lorsqu’il fait prévaloir échanges et collaborations. L’utilisation du savoir et sa construction pour créer des richesses ou des services reste encore dans le champ des êtres humains…mais pour combien de temps ?
J’ai été frappé cette semaine en lisant dans Les Echos du 11 janvier dernier un article de Kenneth Rogoff, ancien chef économiste du FMI et actuellement Professeur d’économie et de sciences politiques à Harvard, qui prédit que dans peu de temps l’intelligence artificielle remplacera l’intelligence humaine dans la création de richesses.
Depuis longtemps déjà, les machines remplacent le travail physique, mais l’homme construit ces machines et les contrôle. Or, commencent à apparaître des réseaux intelligents qui se gèrent eux-mêmes. Ainsi, certaines lignes de métro fonctionnent toutes seules et le pilotage des avions, pendant les vols, est automatisé.
Dans le même ordre d’idées, on constate un accroissement considérable de la puissance de calcul des ordinateurs. A cet égard, la défaite du champion d’échecs russe Gary Kasparov, battu par Deep Blue d’IBM en 1997, constitue un événement notable du siècle dernier. Depuis, les ordinateurs ont encore progressé. Je rappelle la loi de Moore, qui explique que la vitesse de calcul double tous les deux ans et que la capacité de stockage de données croît de façon inversement proportionnelle au volume des microprocesseurs qui les contiennent.
Pour Kenneth Rogoff, la nouvelle décennie qui s’ouvre sera autant impactée par les progrès de l’intelligence artificielle que par la croissance des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil.
Verrons-nous alors ces prochaines années un calculateur passer avec succès le test de Turing, où un interlocuteur isolé doit reconnaître si c’est un autre homme ou une machine qui lui parle ? Cette révolution des machines intelligentes s’inscrit dans la logique du cerveau global représentée par Internet.
Les ordinateurs vont de plus en plus s’insérer dans nos actions quotidiennes et développer, à travers des réseaux, des systèmes optimisant la consommation et la distribution de nos énergies et ressources naturelles.
Malgré l’importance grandissante des machines intelligentes au sein de nos existences, il restera à l’homme le soin d’innover en inventant en permanence de nouveaux usages, à travers de nouvelles associations d’idées, qui échappent encore aux ordinateurs.
Si l’être humain conserve ces facultés innées de création, alors, selon Kenneth Rogoff, il parviendra à maîtriser l’intelligence artificielle pour l’associer à la sienne, et s’enrichir et se développer dans des dimensions et des proportions encore difficilement imaginables. Mais cela est une autre histoire ; celle d’un nouvel apprentissage.