Apprentissage organisationnel, travail collaboratif et innovation dans le monde
Les échanges au sein des diverses communautés professionnelles (savoir, pratiques, projets…), ou ce que nous appelons l’apprentissage organisationnel, sont une source permanente d’innovation.
A ce sujet, le résultat d’une enquête réalisée par une équipe française sur la stratégie technologique de 2000 groupes multinationaux, à partir du nombre de brevets déposés entre 1986 et 2005, met en évidence la domination japonaise. C’est dans ce pays, avec ses traditions culturelles et historiques, dans lequel l’individu trouve son existence au sein de communautés, que la circulation des informations et leur enrichissement permanent débouchent sur des innovations technologiques.
C’est le modèle Toyota, leader de l’industrie automobile, dont j’ai relaté le fonctionnement dans mon blog du 9 mai 2007, qui domine. En effet, grâce à sa grande capacité d’innovation (notamment à travers le _Pull system_) et à la mise en place d’une organisation en apprentissage constant, permettant une gestion optimisée du savoir opérationnel, pour la première fois une firme japonaise a pu détrôner les constructeurs automobiles américains, notamment la General Motors, qui dominaient le marché jusqu’alors.
Sur les 6 millions de brevets déposés par ces 2000 sociétés multinationales, 9 des 10 premiers sont japonais. Seul le second est issu du sud de la Corée, pays où par ailleurs la consommation de formation est la plus forte au monde (10% du PIB). La première société, Hitachi, a dans cette période des vingt dernières années, déposé 130 000 brevets, soit 12 fois plus que le premier français Alcatel Lucent, qui en totalise 10 816, et Toyota Motor avec ses 49 470 brevets, 20 fois plus que PSA avec 2399.
Cette domination est incontestable, puisque la somme des 10 premiers sur les 2000 groupes technologiques mondiaux représente, sur les 6 millions de brevets déposés, 13% de l’ensemble. Les dix premières sociétés françaises ne pèsent que 4% des brevets déposés par les dix leaders et trois fois moins que les 10 premières américaines, qui arrivent juste devant les européennes.
L’écart est frappant et mérite une réflexion sur nos modes de fonctionnement. Les Japonais ont, de par leur modèle social, plus facilement intégré les pratiques du travail collaboratif, mais ils les ont appliquées sur une organisation majoritairement industrielle. Sauront-ils, comme nous, assurer leur mutation vers les nouveaux usages de la société post carbone ou celle de l’information ? C’est un des enjeux de la réussite de l’intégration du savoir opérationnel au cœur du management.