Savoir et Politique
Au cours de ces derniers mois, j’ai montré la place et l’importance essentielles que prenait la formation dans notre économie contemporaine. Pour convaincre mes lecteurs de cette réalité je me suis appuyé sur des exemples aussi nombreux que divers. Je ne résiste pas à l’idée qu’il faille persévérer dans cette voie pour persuader les citoyens et les acteurs de la vie économique et sociale de l’ampleur des enjeux liés à l’économie du savoir, en général, et à la formation, en particulier.
Lorsque j’observe les réactions suscitées par l’initiative d’un ancien Premier Ministre, Jean Pierre Raffarin, pour nouer un partenariat entre l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris et son parti l’UMP, je constate combien les divisions traditionnelles des savoirs et des pouvoirs restent prégnantes dans notre société.
De fait, cette initiative était mue par la volonté et la nécessité de créer un Master de gestion politique pour améliorer les compétences des cadres de son parti, elle a généré moult réactions sur l’indépendance des universités vis-à-vis du pouvoir politique et frappé de suspicion une action vouée à l’apprentissage.
Indépendamment de la polémique, cet exemple met en évidence le besoin que manifestent aujourd’hui toutes les organisations de se servir de la formation pour améliorer leurs performances et favoriser l’innovation. Dès lors pourquoi ne pas profiter des réussites de certaines formes d’organisation en ce domaine ?
Chacun peut observer, facilement, combien la qualité du management représente un avantage compétitif pour les entreprises et combien il favorise la croissance. Aussi saisit-on mal les motifs qui empêcheraient les partis politiques de bénéficier de cette qualité. Comme ils ont en charge la réflexion notre modèle d’organisation sociale mais aussi sa réalisation et son pilotage, ils doivent pouvoir utiliser les savoir-faire des universités ou des organismes de formation dans le cadre contractuel des relations client-fournisseur.
L’accès à la gestion des compétences ne doit pas être réservé au monde des entreprises, elle peut singulièrement améliorer l’exercice des fonctions qui relèvent du pouvoir de l’Etat et qui interviennent dans les grands équilibres de la Démocratie.
Cela permettra aux mondes du savoir, de l’économie et de la politique de mieux se connaître à une période de l’histoire de l’humanité où le savoir immatériel devient le premier facteur de production ; savoir dont la maîtrise conditionne le devenir de nos Etats.
A cet égard, n’oublions pas le legs des penseurs et philosophes qui, depuis des millénaires, ont accordé au savoir une place prépondérante. Ainsi Platon, créateur de la première Académie qui, certes, célébrait le culte des muses mais dont le but premier était la formation d’hommes politiques capables de bien diriger la Cité.