La formation et le développement durable
Les enjeux liés à l’économie de la connaissance ont souvent fait l’objet, au sein de ce blog, de constats et de réflexions visant à souligner toute l’importance qu’il convient d’accorder au savoir opérationnel pour la prospérité et le devenir de nos sociétés.
La croissance exponentielle de la connaissance, son ubiquité, ses modes de transmission généralisés, nous obligent à une vigilance et à des investissements jusque-là inconnus. Ainsi, j’ai essayé de montrer, à travers divers exemples, combien les multiples initiatives qui promouvaient et valorisaient la formation de par le monde, contribuaient à créer les conditions d’un monde plus riche et plus juste.
Dans la même optique, je souhaiterais faire part de quelques remarques sur les liens essentiels qui existent entre la formation et ce que l’on nomme désormais le développement durable. Pour les entreprises, le développement durable se caractérise par une quadruple exigence qui, à certains égards, tranche sur les missions et objectifs de l’activité entrepreneuriale traditionnelle.
Il s’agit, en effet, de faire valoir simultanément :
une utilité pour la société qui se manifeste : a. par des relations fécondes, avec, notamment, les fournisseurs, les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles, les partenaires locaux ; b. par un respect de l’environnement, une maîtrise des risques de production et des risques-produits. une satisfaction croissante des clients qui suppose une qualité d’accueil, d’écoute, de disponibilité, ainsi qu’un souci déontologique accentué. une communication fiable de la réalisation des objectifs financiers aux actionnaires et propriétaires, à la lumière d’indicateurs intégrant les axes de développement durable. une politique d’accomplissement professionnel des salariés qui fasse une large part à la formation, aux conditions et à l’environnement de travail, à l’hygiène et à la sécurité, aux rémunérations et à l’employabilité. Toutes ces exigences qualifient une entreprise durable et sa contribution à des enjeux planétaires : sociétaux, environnementaux et économiques. La transformation progressive des entreprises aux nécessités du développement durable ne va pas sans un effort d’apprentissage aussi rigoureux que passionnant. En effet, rien n’est moins aisé que de modifier des pratiques professionnelles qui ont passé l’épreuve du temps et montré leur efficacité dans les modèles économiques antécédents.
Ainsi, la division technique du travail a permis de faire croître des expertises et de bénéficier d’expériences profondes et significatives. Néanmoins, il importe, dorénavant, de décloisonner des domaines professionnels dont les logiques spécifiques sont soutenues par des objectifs de productivité et de rentabilité de plus en plus ambitieux. Il faut, pour introduire le développement durable dans l’entreprise, concevoir et énoncer des objectifs fédérateurs qui transgressent les visions corporatistes toujours présentes et influentes dans les entreprises.
J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur l’importance de la transversalité et du décloisonnement des expertises à propos de la gestion des connaissances qui, comme chacun le sait, nous oblige à repenser les organisations et le management de nos entreprises. Les exigences du développement durable représentent une évolution encore plus profonde, puisqu’elles nous conduisent à revoir la nature même de nos objectifs, afin qu’ils puissent être compris et soutenus par des professionnels exerçant les métiers les plus divers; professionnels astreints, chacun dans leur domaine, à une compétition de plus en plus vive.
C’est pourquoi, plus que jamais, pour une évolution aussi profonde qu’inexorable, je crois aux vertus de la formation. Elle peut, selon des modalités diverses, contribuer de façon décisive à l’émergence d’entreprises durables. Dans cette perspective, je réfléchis aux futures fonctions susceptibles de porter et de faire vivre le développement durable tant dans les offres que dans l’organisation de l’entreprise.