La formation est aussi un enjeu européen
La Commission européenne met en place une garantie de compétences a minima pour chaque européen et lance un plan de développement des compétences pour les dix prochaines années. Partant du constat accablant que 70 millions d’européens n'ont pas les compétences de base, Marianne Thyssen, Commissaire pour l'emploi, a présenté la nouvelle stratégie européenne de garantie individuelle des compétences : « L’ambition est que chaque personne avec un faible niveau de compétences puisse atteindre un niveau minimal en lecture, écriture, calcul et numérique». Un véritable appel à l'action pour les Etats membres.
Cette garantie s'articule autour de trois phases :
. évaluation des compétences
. offre de formation nécessaire pour combler les lacunes
. validation des compétences acquises. Il s'agit d'une garantie universelle. Tout le monde doit y avoir accès, quel que soit son statut ou son âge, que l'on soit chômeur, salarié ou jeune sans emploi.
Notre dernière réforme de la formation a bien installé un dispositif permettant à toute personne de valider ses compétences de base (c'est le certificat CLÉA). Mais son accès reste encore compliqué, sa diffusion restreinte, son financement limité.
La Commission européenne lance une campagne d'actions pour développer les compétences. Elle en fait la condition nécessaire du développement économique de notre continent.
Parmi les actions proposées, j’en mentionnerai cinq :
. revoir le cadre européen des certifications en y intégrant toutes les compétences disponibles (notamment les compétences transversales qui manquent souvent dans les référentiels métiers) et bien évidemment les compétences numériques.
. s'assurer qu’ "un maximum de personnes disposent des compétences numériques adéquates"
. mettre en place des plans de coopération sectorielle en matière de compétences. (installation de groupes de réflexion par secteur économique sur l'évolution, la transformation des métiers et les compétences nouvelles nécessaires). Selon toutes les études d'ici vingt ans la moitié des métiers actuels auront disparu, des métiers nouveaux feront apparaître un besoin en compétences nouvelles.
. installer "un outil de profilage des compétences des ressortissants des pays tiers et déterminer rapidement les compétences et qualifications des demandeurs d’asile, refugiés et migrants, ceci afin d'utiliser au mieux leurs compétences et ainsi les intégrer dignement ».
. revoir le dispositif Europass qui permet de faire valoir ses compétences d'un pays à un autre afin de bien prendre en compte les compétences nouvelles liées au numérique et les compétences transversales.
C'est un travail considérable que la Commission entreprend, mais c'est le gage de la compétitivité de l'Europe de demain. Je rappelle qu’aujourd’hui 40% des employeurs disent avoir du mal à recruter des salariés ayant les compétences ou l'expertise recherchées !
La formation est aussi un enjeu européen. C’est un challenge puissant pour les opérateurs de formation que nous sommes !