Les MOOCs révolution ou désillusion

Wed Nov 19 2014 16:29:24 GMT+0100 (Romance Standard Time), Jean Wemaëre

C’est le thème d’une étude pilotée par l’Institut de l’Entreprise sous la direction du professeur Lucien Rapp, Vice-Président de l’Université Toulouse1-Capitole.

http://www.institut-entreprise.fr/les-publications/les-moocs-revolution-ou-desillusion

Les MOOCs ouvrent la voie à une triple révolution : technologique, économique et enfin pédagogique :

  • Technologique parce-que le numérique dématérialise la transmission de la connaissance
  • Economique parce qu’il rend accessible au plus grand nombre l’accès aux savoirs ouvrant enfin le chemin à des gains de productivité en éducation et en formation.
  • Pédagogique parce qu’il individualise l’apprentissage en permettant son adaptation permanente, son contrôle, son évaluation et son suivi personnalisé.

C’est pour Clayton M.Christensen, professeur à la Harvard Business School, une innovation de rupture comme le low-cost dans le secteur du transport, la freebox dans les télécommunications ou la voiture électrique dans l’automobile. Et pour les universités, en concurrence sur le marché mondial pour former les élites de demain, cela devrait être un atout considérable qui leur permettra de doper leurs marques.

La première plateforme de diffusion Coursera fédère ainsi 87 universités ou collèges prestigieux parmi lesquels: Stanford, Columbia, Princeton et en France l’Ecole Polytechnique et Normale supérieure. Elle offre l’accès en ligne à 400 de leurs cours en 7 langues. Et c’est plus de 7 millions de personnes qui suivent chez elle cette année un cours à distance. edX son concurrent qui propose des cours de Harvard et du MIT diffuse « seulement » 231 cours suivis par 2, 3 millions de personnes.
A titre de comparaison, France Université Numérique diffuse 70 cours.

Au vu de ces chiffres on mesure bien la prépondérance des universités américaines dans la course à la diffusion mondiale du savoir.
Les prévisionnistes annoncent qu’à l’horizon 2030 ne subsisteraient que 9 universités américaines et 1 chinoise.

Faut-il encore que le mythe de l’université virtuelle se concrétise, ce qui n’est rien de moins sûr. Car malgré une individualisation de la pédagogie avec « l’adaptive learning » et un rapport au temps diffèrent (on apprend à son rythme, et les élèves brillants peuvent obtenir un master en un an au lieu de 3 dans un cursus traditionnel) le taux d’échecs reste considérable. Ainsi la plate-forme Udacity a décidé de suspendre cinq de ses cours en lignes parce que près de 76% des étudiants et adultes qui les suivaient échouaient à l’examen final, sans compter tous ceux qui abandonnent en cours de route parce que dépassés ou parce que, trop livrés à eux-mêmes dans leur apprentissage, ils se démotivent malgré les échanges facilités par les réseaux sociaux. Ouverts au plus grand nombre ces cours en ligne attirent aussi une population qui n’a pas le niveau pour suivre et se retrouve vite perdue.

Abigail Walthausen a écrit dans les colonnes de The Atlantic aux EU : « Don’t give up the lecture » n’abandonnez pas le cours magistral ! Relatant les chiffres d’abandon et d’échec et notamment une étude de l’Université de Pensylvannie qui conclue que les MOOCs bénéficient pour l’instant « aux plus riches et aux plus éduqués ».

Même si on commence à percevoir des limites à l’exercice, on constate la prépondérance réelle sur ce terrain des universités américaines et la regrettable faiblesse de la réponse de l’Europe. Mais on peut souligner l’apport tout particulier des acteurs de la formation professionnelle qui :

  • utilisent des outils numériques de validation des acquis en amont et en aval des formations,
  • conçoivent des parcours de formation personnalisés
  • associent, très largement et depuis un certain temps déjà, la formation à distance à du présentiel dans ce que nous appelons du Blended learning
  • par leur pratique du suivi individuel, utilisent également très largement, en plus des regroupements en face à face, le suivi à distance des apprenants pour soutenir leur motivation et les guider dans leur apprentissage.

Les MOOCs ont ouvert également ouvert la voie aux COOCs (Corporate Open On line Cursus) adaptation du concept à des cours propres à l’entreprise sur son savoir-faire opérationnel. Des outils de validation spécifiques tant au niveau des quiz qu’au niveau de la méthodologie sont progressivement mis en place. On en verra rapidement l’émergence avec la mise en place, en France, de parcours formatifs issus du CPF (Compte Personnel de Formation) devant déboucher sur des passeports de qualification professionnelle qui s’appuyant sur des outils pédagogiques (notamment en blended learning) et une validation On Line s’appliqueront au champ professionnel.
Cette innovation de rupture qu’est l’introduction du numérique dans le process d’apprentissage devrait donc être l’affaire de tous et pas seulement celle des universités principalement américaines.

C’est à tous les acteurs éducatifs et économiques de s’en en emparer et notamment aux opérateurs de formation et à leurs clients, les entreprises. Sa réussite dépend de sa finesse d’utilisation et de son intégration dans des parcours hybrides. Elle exige la fixation préalable d’objectifs professionnels clairement définis, un suivi individuel, une évaluation en amont et en aval des compétences acquises. Enfin les parcours personnalisés et validés doivent être reconnus dans l’environnement social et professionnel de l’’individu. C’est ainsi que cette innovation de rupture que sont les MOOCs et les COOCs pourra devenir un outil très performant du développement du capital humain.

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