81 millions de jeunes de 15 à 24 ans sans emploi dans le monde fin 2009 : Risque social et politique

Wed Oct 13 2010 10:18:01 GMT+0200 (Romance Daylight Time), Jean Wemaëre

Avec 13,1% de la population active dans le monde, c’est le niveau de chômage des jeunes le plus haut jamais atteint, fait remarquer sous forme de cri d’alarme l’OIT dans un rapport sur « les tendances de l’emploi pour les jeunes » présenté à l’ONU en aout dernier, lors de la cérémonie de lancement de l’année internationale de la jeunesse.

La crise financière d’abord, et économique ensuite, a touché en priorité les jeunes..Aucun pays n’a été épargné, qu’il soit développé ou émergeant.

Certain parlent de génération perdue qui court le risque de décrocher et d’être exclue quand l’économie repartira surtout si elle n’acquiert pas ou ne maintient pas ses compétences, par l’éducation ou la formation. Le risque pour nos sociétés ne s’apprécie pas seulement par la perte de richesse due à l’accroissement du sous emploi mais bien plus par les conséquences futures que l’exclusion sociale et sociétale d’une génération engendreront.

Les propos de Gianni Rosas repris dans le journal du Monde du 24 aout dernier sont des plus explicites : « le décrochage, le rejet, à un âge où l’on est en pleine construction de soi et de son avenir, peut s’accompagner d’un profond découragement, d’une perte de confiance dans les institutions et d’un développement de conduites à risques ».
Il exhorte les Etats de ne pas réduire leurs dépenses d’éducation et de formation. Ce serait entraîner les sociétés au devant de risques sociaux et politiques graves. « L’arrêt de ces mesures estime M. Rosas aura un impact encore plus important pour les jeunes que pour l’ensemble de la population salariée, il ne faut surtout pas lâcher prise maintenant. »

Cette chute de l’emploi des jeunes a été d’autant plus brutale que ces dernières années leur taux de chômage était en diminution passant de 2002 à 2007 de 13% à 11. 9%. Mais en 2008-2009 ils ont malheureusement payé un lourd tribut à la crise, le nombre de chômeurs dans leur catégorie s’étant accru de 6.7millions pour remonter à plus de 13%. Ils ont été deux fois plus touchés que les adultes et quand la reprise se remettra en route « on sait que les entreprises seront plus réticentes à embaucher ceux qui n’auront pas travaillé pendant la crise et privilégieront les diplômés de l’après crise » reprend M. Rosas.

La recherche et le besoin de compétences deviennent en période de forte compétition une exigence immédiate. Si les jeunes n’ont pas bénéficié de formation ils n’auront alors aucune chance d’être embauchés et sombreront vite dans la pauvreté, l’exclusion et le découragement, provoquant un risque pour nos démocraties estiment les auteurs de ce rapport dans leur conclusion : « Les jeunes se sentent victimes du système et focalisent leur colère sur ceux qui leur apparaissent comme les premiers responsables : la mondialisation, la rapacité du système capitaliste, les responsables politiques nationaux, la corruption des gouvernements, leurs parents ou un groupe ethnique spécifique et sont alors plus sensibles aux discours religieux ou révolutionnaires qui peuvent leur offrir
une excitation et un espoir (faux) pour leur avenir » .

Notre pays n’est pas exclu de ce risque car, si le taux de chômage des jeunes y est plus faible (8,4% sur la même tranche d’âge incluant les étudiants dans la population active), les risques y sont comparables. Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS, explique, dans un entretien au journal Le Monde d’août, que la première conséquence de l’aggravation du chômage des jeunes est la défiance vis-à-vis de la politique et la seconde la radicalisation qui profiterait aux extrêmes.

Je l’ai déjà dit plusieurs fois dans ce blog la fracture sociale est de plus en plus une fracture du savoir entre ceux qui ont accès à la connaissance et ceux qui en sont exclus.

Les chiffres de l’Insee parlent d’eux-mêmes : en 2009 le taux de chômage des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et entrés sur le marché du travail depuis un à quatre ans était de 9.6% contre 49.2 pour les non diplômés.

Eric Maurin, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales confirme bien dans un article repris du même journal que « sur trente ans l’avantage que procure la formation en termes d’emploi n’a cessé de s’accroitre »

Devant de tels constats notre champ de travail s’avère gigantesque et n’a d’égal que celui de nos responsabilités

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