Du bilan psychologique au bilan génomique
Apres le bilan psychologique conçu il y a une centaine d’années, le bilan de santé formalisé au milieu du siècle dernier et le bilan de compétences en 1986 étendu ensuite comme outil de gestion du parcours professionnel par les accords de 2003 qui ont institué le DIF, vient d’apparaitre aux Etats-Unis le bilan génomique .
Pour 299 euros vous pouvez, en allant sur le site de la société 23andMe, faire séquencer et analyser votre propre génome en crachant dans une éprouvette que vous renvoyez au siège en Californie. Cette société a été créée par deux femmes issues du business de la santé : Linda Avery et Anne Wojcicki (par ailleurs épouse de Sergey Brin cofondateur de Google).
Vous disposeriez ainsi d’informations sur l’origine ethnique de vos ancêtres, leur provenance et leur localisation, vous situant dans une chaîne historique et familiale, source de sens et peut être explicative de vos gouts, talents et comportements actuels, complétant par là-même vos bilans psychologiques ou de compétences
Vous pourriez aussi anticiper vos risques de maladie et connaitre les médicaments appropriés pour les prévenir ou les combattre, complétant ainsi votre bilan de santé.
Enfin si vous continuiez l’aventure génomique vous pourriez vous connecter sur DIY Génomics, société également créée par une autre femme, Mélanie Swan, il y a seulement quelque mois, et comparer votre séquençage ADN à ceux des membres de la communauté.
Vous auriez ainsi la possibilité de partager au sein d’un réseau social l’étude de vos origines, de retrouver, pourquoi pas, des cousins éloignés. L’expérience de ceux qui ont des fractions de séquençage semblables aux vôtres vous permettrait de dialoguer sur vos risques de maladie et les façons de les soigner voire de les prévenir, mais aussi de comparer vos différents modes de vie et leur impact sur votre santé.
Vous apparaitriez alors sur internet par votre code génétique, un code informatique comme un autre. Les 3 milliards de paires de base composant le génome humain ne pèse que 3 giga-octets, ce qui reste inférieur au poids d’un film téléchargé sur internet. Ce site, selon sa fondatrice. Mélanie Swan, serait le futur Facebook de la génomique. Elle prépare, avec 80 volontaires recrutés sur le net, le lancement de projets de recherche sur deux mutations génétiques qui combinées augmenteraient le risque d’accident cardio-vasculaires (car elles accélèrent le vieillissement des cellules) et seraient peut être également à l’origine de la maladie d’Alzheimer.
Il s’agirait de bien plus qu’un réseau social, lieu de comparaison et d’échange d’expériences. Le site fournirait une multitude d’informations sur la génomique et assurerait le partage des recherches personnelles de chacun des membres. C’est d’un nouveau concept qu’il s’agit, celui de chercheur citoyen. Chaque membre du réseau social pourrait ainsi devenir chercheur et s’affranchir en partie du monde médical et universitaire.
Un exemple d’apprentissage organisationnel où le savoir construit et partagé deviendrait opérationnel au profit de son propre destin.