Les seniors au cœur du capital humain de l’entreprise

Le taux d’emploi des 55-64 ans est plus faible en France que dans la communauté européenne (32,5%) contre (45,6%). Cela s’explique d’abord par les nombreux plans sociaux mis en place ces dernières années dans l’industrie. Ils ont entrainé les départs en préretraite des salariés de plus de 50 ans. Mais cela s’explique aussi par les nombreuses suppressions de postes faiblement qualifiés, touchant principalement cette population, qui révèlent un manque évident de formation.
Par voie de conséquence, les seniors, qui continuent à travailler, manifestent de fortes compétences et motivations. Najat El-Mekkaoui de Freitas, maître de conférences à l’Université de Paris Dauphine, l’explique dans un article du Monde du 25juin : « Le taux d’emploi des seniors pourrait être durablement amélioré si on ne perdait pas de vue le fait que les seniors qui restent le plus longtemps dans le travail sont les plus qualifiés » C’est bien la preuve que la motivation et la productivité des seniors nécessitent la mise en place d’actions de formation. C‘est d’ailleurs ce que prévoient les accords de branche sur le maintien de l’emploi des seniors en organisant des actions de formation spécifiques.
L’entreprise a tout intérêt à les remobiliser car, le plus souvent, ce sont eux qui possèdent de manière informelle les savoirs et savoir faire des métiers de l’entreprise. L’usine du groupe industrielle Mersen ex Carbonne Lorraine l’a parfaitement compris. Elle a signé un accord d’entreprise instituant le Tutorat d’Expertise. Madame Antoine DRH de l’usine précise « Ils ont une réelle fierté de transmettre leur savoir et savent qu’ainsi ils participent à la pérennité de l’entreprise. Tout cela passe beaucoup par la culture orale, il faut le formaliser, ca prend du temps ».
Un chantier d’identification des compétences clefs et des savoir faire complexes a été mis en place avec eux pour les aider à conceptualiser leurs pratiques et les préparer à bien les transmettre. A l’utilité économique s’ajoute alors la fierté de leur mission. Ils forment ceux qui vont les remplacer en leur expliquant le sens de leur travail et en leur permettant de l’enrichir par l’usage des nouvelles technologies.
Poyr Branislav Rugani délégué FO « c’est une reconnaissance explicite de la valeur du capital humain »
Le directeur de l’usine M Braussen conclut « C’est d’autant plus important de garder le cap. Certains industriels ont fait partir les séniors plus tôt pour réduire la voilure. Ce serait aller à l’encontre de l’objectif stratégique de l’entreprise »
C’est bien au sein de communautés de pratiques, au cœur de l’entreprise, à travers des échanges entre les seniors et les juniors, que la transmission des savoir faire et le développement de l’innovation se réalisent. Cette réalité montre à l’évidence que le capital humain demeure le premier facteur de production.