Croissance verte et compétences nouvelles
Le gouvernement français, relayé par la fédération SYNTEC qui regroupe les métiers de l’informatique, du conseil, de l’ingénierie et de la formation, estime que la croissance verte est déjà source de multiples nouveaux emplois, notamment dans le bâtiment. La Secrétaire d’Etat en charge des technologies vertes, estime, selon Pôle emploi, qu’il existe 16 000 offres à pourvoir immédiatement. Mais, malheureusement, les compétences nécessaires à l’occupation de ces emplois ne sont pas encore au rendez-vous. Aussi le COE (Conseil pour l’Orientation et l’Emploi) s’alarme-t-il de cette situation et appelle-t-il à la mobilisation générale pour un plan de formation aux compétences « vertes ». Chaque année, selon cette instance, il faudra former près de 300 000 personnes sur ce sujet. Ainsi, le secteur du bâtiment requiert des compétences nouvelles, car il convient de modifier les constructions anciennes en intégrant les matériaux et techniques nécessaires à la réduction de leur consommation d’énergie. Il s’agit également de former au développement et à l’usage de technologies et de matériaux nouveaux (pompes à chaleurs, panneaux solaires, mini éoliennes, smart grids ou réseaux intelligents…) dans les bâtiments neufs. C’est aussi ce constat que réalise Syntec Ingénierie dans son livre blanc intitulé « Pour des investissements stratégiques créateurs des emplois de demain ». Pour Philippe Bruel, directeur général de IOSIS groupe, la construction doit respecter les principes du développement durable et intégrer dans ses travaux les mécanismes des énergies renouvelables. Or, c’est un chantier considérable, puisqu’aujourd’hui le parc de logement dans les villes en France est estimé à 4 millions, ce qui, selon Philippe Bruel, « représente un potentiel de développement qui suppose méthodologie et innovation, pour optimiser la consommation et le confort thermique. Il est créateur d’emplois, notamment pour le tissu local ». De surcroît, ces technologies sont très demandées à l’étranger et sont source d’exportation. Elles font appel à de nouvelles compétences dans des domaines aussi variés que l’urbanisme, la sociologie, l’énergie, la sécurité, l’acheminement de l’eau et la gestion des déchets. Pour le professeur Christian de Saint Etienne, Membre du Conseil d’Analyse Economique, qui participait aux dernières rencontres de l’Ingénierie sur ce sujet, il s’agit de concevoir un plan de développement d’ensemble à horizon 2030 qui doit permettre à la France de créer des emplois et, par voie de conséquence, de retrouver le point de croissance qui lui manque.
Que ce soit Syntec Ingénierie, présidé par mon ami Alain Bentéjac, ou le COE dont les propositions sont reprises par Valérie Létard, il est urgent de former aux nouveaux métiers nés de la croissance verte. Le savoir opérationnel s’impose, une fois encore, comme un des moteurs qui permettra à notre société d’assurer son développement durable et de continuer sa croissance.