La faible présence des universités sur le marché de la formation professionnelle
Lors d’une audition menée par une commission d’enquête administrative (créée dans le cadre de la Loi d’Orientation relative aux lois de finances), j’ai mis en avant les deux causes majeures qui, selon moi, expliquent la faible présence des universités sur le marché de la formation professionnelle. Cette commission s’émouvait d’un tel état de fait, aussi ai-je rappelé combien les procédures de compatibilité publique étaient inadéquates par rapport à la réactivité du marché et combien les universités manifestaient un faible tropisme pour la marchandisation du savoir. Ce faisant, je n’ai fait qu’exprimer une préoccupation que je développe périodiquement dans le cadre de ce blog. En effet, j’ai déjà indiqué, à plusieurs reprises, que le montant des dépenses en Recherche, en Education et Formation conditionne aujourd’hui le niveau de croissance et de développement d’un pays. Or, selon une étude de l’OCDE, l’Europe et la France sont encore loin du compte, loin de l’objectif de Lisbonne qui fixait à 3% du PIB le niveau de la R&D. Alors que les Etats-Unis approchent les 2.7, avec 313 milliards de dollars, l’Europe stagne entre 2.2 et 2.3, aux alentours de 210 milliards. Quand la Chine voit ses dépenses, en la matière, doubler ces dix dernières années, la France réduit ses investissements. Pour combler ces écarts grandissants, il devient urgent, pour notre pays, de trouver des sources de financement autres que celles fournies par le budget. A cet égard, j’ai pu constater, lors d’un récent voyage en Chine, l’effort que fournissaient les universités pour trouver des financements privés, nationaux ou étrangers ; financements destinés à développer leurs travaux, principalement dans le domaine de la formation. Nous activons, d’ailleurs, plusieurs partenariats avec certaines d’entre elles. Evoquant cette réalité devant mes interlocuteurs de la commission d’enquête, et ne voulant pas ajouter à leur inquiétude, je leur fis entrevoir quelques raisons d’espérer. L’université de Paris Dauphine a signé plusieurs partenariats avec des entreprises pour créer de nouvelles chaires d’enseignement. Sciences Po Paris, et son médiatique directeur Richard Descoins, ont été les pionniers dans la recherche de nouvelles sources de financement. Ces initiatives existent mais elles restent peu nombreuses. Pour accélérer le processus je fais une suggestion. Il faudrait rendre plus solvable le Droit Individuel à la Formation (20 heures par an et par salarié) et individualiser son usage en instituant le « chèque formation ». Ce chèque pourrait être utilisé en fonction des choix de chacun dans le cadre de la réglementation. Ainsi tout salarié d’entreprise pourrait sélectionner sa formation. Dès lors les cursus universitaires diplômant trouveraient une précieuse source de financement. Cette démarche s’inscrirait parfaitement dans l’esprit de l’accord national interprofessionnel porteur de la création du DIF (ANI 2004) ; accord qui visait à institutionnaliser le concept de professionnalisation en laissant à l’individu la pleine maîtrise de son employabilité.