Un changement de paradigme dans l’approche de la croissance

Thu Oct 22 2009 16:04:10 GMT+0200 (Romance Daylight Time), Jean Wemaëre

La semaine dernière en réunissant dans mon bureau la quinzaine d’auditeurs Qualité de notre société, je leur ai dit qu’ils étaient les acteurs majeurs de notre développement des prochaines années. Cette remarque a pu en surprendre quelques uns, elle repose néanmoins sur quelques constats objectifs qui ont trait au fonctionnement de l’organisation des entreprises contemporaines.

  1. L’audit des processus qui structurent les activités professionnelles (conception, production, évaluation...) met régulièrement au jour les dysfonctionnements et les approximations de l’organisation du travail. Il en analyse les causes et formule les indispensables préconisations qui vont contribuer à les faire disparaître.
  2. L’audit se réalise avec les professionnels responsables des différentes activités (support, production) et fait valoir la nécessité d’un échange d’argumentations pour comprendre et traiter les difficultés identifiées. Ce faisant, l’audit Qualité crée les conditions d’expression de la recherche de solutions : de l’innovation.
  3. Les conclusions et les conséquences d’un Audit peuvent faire l’objet d’une capitalisation, d’une « mise en mémoire », qui favorise l’initiative car elle met à la disposition des acteurs professionnels des solutions dont l’intérêt a déjà été testé ; solutions dont la pérennité ou l’abandon sont à examiner. De tels constats montrent toute l’importance des auditeurs de la Qualité au sein des entreprises. Véritables scrutateurs des facteurs d’inertie et de mouvement, ils font en sorte que l’innovation, source de la croissance, soit au rendez-vous. Il y a là une modification profonde du concept de croissance, naguère associé, par les économistes, au progrès technique. Au temps de mes études, j’analysais le modèle de Solow qui liait l’accroissement général de la production à l’augmentation quantitative des facteurs de production (capital physique, travail), soutenus par le progrès technique qui en améliorait la productivité.
    Sans vouloir renier un tel modèle qui caractérisa, pour une large part, la révolution industrielle, il importe de noter combien l’idée et la réalité de la croissance se sont transformées dans l’économie contemporaine.
    Auparavant il s’agissait de faire valoir une propriété fondamentale de la logique linéaire de la croissance : l’additivité. Le tout est égal à la somme de ses parties ; plus on agrège de ressources et plus on accroit simultanément la production et la productivité. Dans cette perspective le progrès technique fortifie constamment la croissance, il apparaît comme un facteur exogène du développement de la productivité.
    Désormais, dans une économie de service, les processus relèvent davantage de la construction des acteurs prestataires.
    Avec la diffusion rapide des idées et des savoirs, grâce à la mise en place d’organisations apprenantes, les individus se donnent la possibilité de faire évoluer rapidement les fonctions qu’ils occupent et les systèmes dans lesquels ils évoluent. Cette évolution générée par des travaux collaboratifs, dont la diversité et l’intensité ne cessent de se manifester, peut s’éclairer de l’expression célèbre de « destruction créatrice » formulée par l’économiste Joseph Schumpeter.
    Les transformations continues des métiers, des techniques, des technologies, des organisations, apparaissent comme des disparitions et des créations qui produisent croissance et valeur.
    Le progrès technique devient alors un facteur endogène et peut se prolonger indéfiniment car les limites du savoir sont inconnues et rendent ainsi caduque la théorie des rendements décroissants.
    Il s’agit là d’un changement de paradigme puisque notre conception toute entière de la croissance s’en trouve modifiée. En effet nos perceptions, compréhensions, apprentissages et actions, prennent un autre sens et assignent au management des entreprises des exigences et ambitions nouvelles. Exigences et ambitions qui donnent à la formation, au développement personnel et au partage interactif des connaissances la première place.
    En créant l’Université de Tous Les Savoirs, le professeur Yves Michaud, chroniqueur régulier sur France Culture (L’esprit public), participe de ce changement de paradigme. Il prend l’initiative de se déplacer dans les lycées pour traiter des thèmes aussi variés qu’Internet, le communautarisme, les religions, la science. Les savoirs sont universels et les lieux dans lesquels on les diffuse doivent l’être aussi.
    Pour conclure cette chronique, je formulerai deux souhaits :
  4. essayer de garder une trace des échanges sur la perception des jeunes du savoir académique;
  5. tenter l'expérience de l'université de tous les savoirs dans les entreprises, je serai pour ma part prêt à m'y associer.
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