Innovation, plaisir et connaissance
J’examine, encore et toujours, les manifestations et conséquences de l’économie de la connaissance. Ainsi « l’innovation » est sur toutes les lèvres des économistes et des managers, pourtant une confusion subsiste quant à la signification et la portée de cette notion.
Pendant longtemps, il fut coutumier de dire qu’il n’y avait d’innovation que technologique et on liait les dépenses de la Recherche et du Développement d’un pays (généralement entre 1 et 2% du PIB) à sa capacité d’invention en ce domaine. Or aucune démonstration scientifique ne venait étayer cette logique linéaire entre ressources financières allouées et émergence de techniques nouvelles.
Comme je l’ai déjà évoqué précédemment, l’innovation majeure de notre époque me semble se trouver au cœur des organisations humaines, dans leur capacité exceptionnelle de déploiement et de partage des connaissances. La création de valeur et la croissance résident dans la diversité et la vitesse des relations professionnelles, soutenues par des technologies, qui se nouent, se dénouent, s’établissent dans les entreprises et leurs environnements. Il s’agit de détecter des talents, de promouvoir des compétences, d’apprécier des performances, d’améliorer des managements, de créer des modes de collaboration, etc. Toutes ces initiatives, toutes ces réalisations, structurent l’entreprise et facilitent son développement.
Et l’innovation nait grâce à la capacité que montre l’organisation à diffuser les connaissances et les savoirs ; vecteur de créativité partagée. Dans cette optique le plus grand défi, pour une entreprise, demeure le pouvoir d’apprentissage des nouvelles manières de faire, des nouveaux comportements nés de l’innovation. Ce pouvoir recèle une double composante : ouverture au nouveau savoir et acquisition des compétences induites.
Il est désormais possible aux patients tétraplégiques de se mouvoir en commandant à un fauteuil roulant grâce à une pile introduite dans le cerveau qui génère des impulsions électriques interprétées par un logiciel (système Braingate).
A la lumière de cette réussite scientifique, on est en droit d’imaginer un implant qui gérerait l’interface entre le cerveau et des bases de données permettant une accélération de la transmission des savoirs.
Cependant une objection de taille apparaît aussitôt : l’importance du plaisir. Car il n’est pas d’apprentissage qui vaille sans un plaisir associé : la manifestation d’un esprit de curiosité, l’affirmation d’un goût pour la découverte.
Cette objection, sous forme de constat, rend notre métier plutôt sympathique et humainement passionnant.