Le rôle de la formation comme amortisseur social de la crise
Nous avons vu dans un blog précédent comment la formation pouvait être une arme pour faire face à la crise. Je voudrais évoquer maintenant, à l’aide d’exemples, le rôle de la formation comme amortisseur social de la crise. En Franche-Comté dans la région de Peugeot 10 000 emplois sur 28 0000 ont disparu depuis un an. Les sous-traitants de l’automobile sont très durement touchés. David Barbier, délégué du personnel de la société Trevest, équipementier fabricant de textiles techniques pour voitures, s’explique dans le quotidien La Croix : « Avec les copains de PSA et de Faurecia, on s’est aperçu dès septembre dernier que les volumes dégringolaient pour toute la filière et qu’on allait à la catastrophe. Alors, il a fallu faire preuve d’imagination ». L’imagination ne s’est pas traduite par des actions violentes, mais a consisté à mobiliser toutes les parties prenantes, c'est-à-dire l’Etat, les représentants de la Région, le patronat et les représentants paritaires de la gestion du système de formation. Tous, ensemble, ont réfléchi pour savoir comment amortir le choc. Le résultat a été à la hauteur de l’enjeu. Un accord signé par tous les syndicats fait de la formation le levier de l’amélioration de la productivité future et du maintien de l’emploi. Il prévoit la formation de 10 000 salariés dans 56 entreprises. Former pour ne pas licencier, tout en préparant l’avenir. Grâce au dispositif mis en place pour le chômage partiel, on réagit à la sous-activité en formant plutôt qu’en licenciant. Le financement est assuré, dans l’accord, par la région, l’Etat et les partenaires qui soutiennent le projet avec plus de 11 millions d’euros. L’ensemble des acteurs s’est mobilisé. Jacques Bauquier, secrétaire régional de la CGT et signataire de l’accord, s’est battu pour vendre le projet. Ainsi, quand il apprend que dans une entreprise de découpage, le licenciement de 35 salariés est envisagé, il prend contact avec le directeur et prévient la région. « L’employeur voulait faire rentrer un million d’euros dans ses caisses, explique le syndicaliste. Cela correspondait à 94 salariés en formation. C’est donc ce qu’on a négocié. Et il a retiré son plan social ». Bel exemple d’intelligence sociétale et de bonne gouvernance régionale. Il illustre au mieux la gestion par la région de sa compétence de droit dans le domaine de la formation, au cœur de ses bassins d’emplois. La formation a ainsi permis de surmonter un certain nombre de tensions sociales générées, dans cette région, par la crise. C’est bien la preuve de la manifestation concrète de ses externalité positives.