Colloque de la FFP sur la qualité en formation (suite et fin)

Thu Oct 08 2009 12:11:20 GMT+0200 (Romance Daylight Time), Jean Wemaëre

Dans la continuité de mon billet précédent, je voudrais indiquer la nature des chantiers que la FFP, structure en charge de représenter l’offre de formation, doit assumer, en liaison, bien sûr, avec tous les autres acteurs. Le rôle de la FFP est triple :

  1. Rendre l’offre lisible, en termes de qualité, pour permettre aux acheteurs de choisir
  2. Proposer des parcours de formation validés par un titre certifiant, qualifiant ou diplômant
  3. Construire avec le commanditaire public ou privé les outils de mesure de la performance en situation de travail et du retour sur investissement. Aujourd’hui la lisibilité est assurée par trois systèmes :
  4. le label NF service AFNOR, qui garantit la conformité aux normes ;
  5. la qualification OPQF, délivrée par l’ISQ (Qualification des Services Intellectuels), des métiers représentés par la Fédération Syntec, qui permet une reconnaissance du professionnalisme par les acheteurs, au vu des résultats, des témoignages et de l’analyse des pratiques, selon les domaines d’activité ;
  6. la certification ISO, version 2000, qui garantit la mise en place et le suivi de process intégrant des critères de qualité grâce à la vérification d’un observateur impartial. Ces trois systèmes affichent la prise en compte de la qualité dans la réalisation des prestations de formation, dans leur globalité (thèmes, publics, dispositifs et méthodes), de manière complémentaire et différente, mais suffisamment exhaustive.
    Il leur appartient d’en assurer la promotion et la constante amélioration à travers tous les canaux d’information et les sites de référencement. Ils doivent, de surcroît, veiller au respect de leur indépendance, afin de ne pas altérer leur jugement. Dans ces conditions, la création de nouveaux systèmes, notamment pour des raisons catégorielles, compliquerait la fiabilité d’un dispositif qui commence à faire ses preuves. Le deuxième champ de travail consiste à s’assurer que le suivi d’une formation a bien permis d’acquérir les compétences promises au début. Des outils pertinents d’évaluation doivent être mis en place pour permettre choix et reconnaissance. La FFP propose à ses adhérents une méthodologie de certification : évaluation en aval, tutorat et suivi personnalisé, rédaction d’un mémoire, quizz, jury et examens à la fin. Le respect de cette démarche est garanti par une tierce partie et donne à l’organisme la possibilité de délivrer une certification CP FFP.
    Par ailleurs, des partenariats avec des Universités se développent pour coproduire des formations diplômantes ainsi que des cycles validés par une certification professionnelle inscrite au RNCP. Notre pays souffre d’un manque de reconnaissance des qualifications, et le lancement il y a 10 ans de la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) n’a pas donné les résultats escomptés (cf blog du 24/02/2009). Devant un tel échec, il est de la responsabilité des opérateurs de formation, dans leur effort de mise en place d’outils d’évaluation des compétences, de mutualiser leurs expériences pour construire un dispositif global de validation des qualifications, comme il en existe au Royaume-Uni (cf NVQ ou National Vocational Qualification). Ce pays dispose en effet d’une richesse considérable résultant du travail quotidien effectué sur les caractéristiques des compétences requises pour exercer la plupart des métiers, que ce soit dans l’industrie ou les services. Il en va de même pour les compétences transversales ou relationnelles associées. Il s’agit d’un projet collectif que pourrait initier la profession, en partenariat avec tous les acteurs. Enfin, de manière plus spécifique, chaque projet ou action de formation doit prévoir des outils de mesure des résultats, tant pour les personnes formées en situation de travail que pour l’entreprise. C’est la meilleure garantie de qualité pour l’acheteur. Cela suppose de la confiance de part et d’autre dans la transmission des informations et dans la capacité à construire ensemble. On appréhende ainsi la considérable évolution de notre métier depuis 20 ans, à l’époque où l’action de formation se résumait à un simple transfert pédagogique entre un professeur et un groupe d’apprenants dans une salle. Aujourd’hui, l’action est un continuum, de l’évaluation amont à celle de l’aval, en passant par la traduction des objectifs professionnels en objectifs pédagogiques et par leur réalisation en fonction du niveau des participants. La réalisation n’étant plus toujours le fait d’un seul acteur animateur, mais d’une association d’intervenants. En effet, à côté d’un coordinateur, officient des managers, des référents professionnels, des utilisateurs, des tuteurs et même des apprenants entre eux dans un travail collaboratif d’échange de bonnes pratiques, au sein d’une communauté d’apprentissage rendue possible grâce au web 2.0. L’apprentissage conçu selon un rapport individuel entre un maître et un apprenant se reconstruit ainsi dans un réseau de relations et change de nature pour devenir collectif. Avec le développement des communautés de pratique, l’apprentissage devient organisationnel. Ainsi la formation se gère-t-elle de plus en plus en mode projet intégrant les notions de coût, qualité et délai ; autant de paramètres associés à celui de la compétence, qui peuvent servir d’éléments de mesure du résultat et de contrôle.
    A travers trois modes d’action :
  7. la reconnaissance de la démarche qualité par une tierce partie portée à la connaissance de tous,
  8. la construction de parcours attestant l’acquisition de compétences,
  9. et la création d’outils de mesure des résultats,
    les opérateurs de formation contribuent à instrumenter la qualité pour l’ancrer de manière durable dans le processus d’apprentissage. La qualité en formation , c’est à la fois s’assurer qu’elle s’intègre à tous les niveaux de la chaîne de création de valeur, qu’elle se reconnaît et s’affiche de manière lisible, qu’elle se mesure en termes de bénéfices pour le commanditaire et qu’elle garantit à l’apprenant, par une certification ou un diplôme, l’acquisition de compétences ou de qualifications ; élément de motivation s’il en est, parce qu’au fondement de la reconnaissance sociale.
    La qualité ne peut être séparée de l’acte de formation, elle le porte, facilite sa réalisation et le légitime. C’est un concept riche, qui se construit en permanence, qui s’apprécie toujours en situation et qui, comme nous l’avons indiqué, n’a rien d’absolu. Il se nourrit de l’histoire des expériences multiples et plurielles d’un métier nouveau qui offre à tous ceux qui en ont la possibilité (la solvabilité de la demande étant un autre sujet) d’avoir accès aux savoirs opérationnels d’aujourd’hui ; savoirs créateurs de richesses, facteurs d’employabilité et garants de la paix sociale.
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